mercredi 5 décembre 2012

Elections couplées à Banfora: Des bureaux de vote saccagés

Les opérations de vote dans la Comoé ont été émaillées par plusieurs difficultés dont le saccage de 3 bureaux de vote dans la nuit du 1er décembre 2012 à Banfora. Dans certaines localités, les urnes ont purement et simplement été refoulées.
Contrairement à ce qu’a laissé présager la campagne politique qui s’est déroulée 14 jours durant sans le moindre heurt, le scrutin du 2 décembre 2012 dans la Comoé s’est annoncé dans un climat malsain, marqué par des actes de vandalisme. D’ailleurs, les rumeurs à ce sujet ont fait débarquer à Banfora un grand nombre de gendarmes et de policiers le 1er décembre 2012. L’arrivée fort remarquée de ces hommes de tenue à bord de véhicules Pick-Up frappés des insignes de la CRS dans la soirée de ce 1er décembre, veille des élections, n’a pas pour autant suffit à dissuader certains jeunes de la cité du paysan noir de leur intention de perturber, voire d’empêcher le vote dans la commune de Banfora. Organisés en groupe, ils se sont attaqués à des bureaux de vote quelques temps après le dépôt du matériel électoral. Peu avant 21 heures, ce sont les bureaux de vote du secteur 2, situés dans l’enceinte de la maison des jeunes et de la culture (MJC) qui ont reçu leur visite. Le gardien des lieux que nous avons trouvé après le passage du groupe atteste qu’ils étaient plus 40 à prendre d’assaut la cour de la MJC et un groupe dont le nombre était plus important attendait dehors. « Je voulais m’approcher d’eux pour comprendre ce qui se passait mais ces jeunes m’ont intimé l’ordre de rester où j’étais ; autrement, je suis un homme mort » raconte le malheureux gardien qui précise que c’est alors qu’ils ont éteint toutes les lumières de la MJC avant de défoncer les portes et vider les urnes et autres documents que la CECI/ Banfora a déposé aux environ de 16 heures.
 Dans la furie les vandales ont arraché la porte du bureau de vote n°1 du secteur 3. M Traoré

Le président du BV n°1 ramassant ce qui pouvait l’être. M Traoré

Toujours selon le même gardien, en quittant la MJC les manifestants se sont donnés rendez-vous à l’école Sud située à quelques 500 mètres et où la population du secteur 3 devait voter. C’est dans l’un des 4 bureaux de vote de ce secteur que devait voter Salifou Barro, le responsable provincial du RDB et candidat tête de liste pour les législatives.  Sans être inquiétés, les vandales ont accompli leur basse besogne. Fort heureusement, leur saccage se limitera aux seuls BV n°1 et BV 3 dont ils ont arraché les portes et jeter les documents des locaux. Avant qu’ils ne s’en prennent aux deux autres bureaux de vote, les phares d’un véhicule qui passait dans les environs les a dispersé, raconte un témoin de la scène. Les forces de l’ordre n’arriveront sur les lieux qu’après le départ des jeunes courroucés qui selon toutes vraisemblance se sont dirigés vers les écoles Ouest. Mais ils seront devancés par la police dont les tentatives des policiers d’obtenir des informations sur les  identités des manifestants auprès du voisinage de l’école sud resteront vaines. « Comme il faisait sombre, et que nous ne savions pas combien ils étaient ni s’ils étaient armés, personne n’a daigné s’approcher » ont rétorqué d’une voix des témoins.
Au secteur 15 de la ville, quartier Tatana situé à l’est de la ville, un groupe de mécontents a réussi l’exploit de pénétrer dans les bureaux de vote en forçant les persiennes malgré la présence des agents de sécurité. Là également le matériel électoral a été réduit au néant.
La ville de Banfora n’est pas seule concernés par ces actes de vandalisme. En effet, dans la même nuit du 1er décembre 2012, les urnes de certains villages rattachés à la commune de Banfora à savoir Bodadiougou, Diarabakoko, Niarébara et Tangora ont été stoppées net à l’entrée desdits villages par les habitants au motif qu’il n’y aura de vote dans leur village puisque leur formation politique à savoir le CDP a été recalée aux élections municipales. Du côté des administrations chargées de l’organisation de ces élections la CECI et la sécurité se rejettent la balle quant à la responsabilité dans le saccage. La CECI accusant les agents d’avoir trainé le pas. Ceux-ci pour se défendre disent que les urnes ne devaient bouger sans eux. Pourquoi la CECI n’a-t-elle appelé avant ? se demandent les hommes en tenues. Pendant ce temps, certains acteurs politiques sont on ne peut plus claire. Pour le responsable du RDB Salifou Barro par exemple, ce qui s’est passé la veille des élections n’est que de l’incivisme total et les autorités doivent prendre leur responsabilité en mettant tout en œuvre pour non seulement identifier les auteurs de ces casses mais aussi les punir comme il se doit. « En tant que candidat tête de liste du RDB, je les ai prévenu dans la matinée du 1er décembre 2012 que des réunions se sont tenues dans des buvettes et à la MJC et dont les conclusions disaient qu’il faut faire la casse au secteur 3, au 2 et dans le village de Siniéna afin d’empêcher l’élection » a indiqué Salifou Barro qui lui aussi ne comprend pas pourquoi le matériel électoral est arrivée alors que la sécurité n’était pas en place. Salifou Barro dit ne pas disposer de preuve irréfutable cependant il pense que les auteurs et commanditaires de cet acte sont à rechercher du côté du CDP. « Ce sont ceux qui sont présentement en situation de faiblesse » a –t-il martelé. Le responsable de l’UNDD Soti Koné, candidat au poste de conseiller au secteur 1 pour sa part s’est montré plus catégorique. Sans détour, il jette l’anathème au CDP dont un des candidats aux législatives a tenu, selon lui, lors des derniers meetings des propos du genre à inciter ce genre de troubles.
Le coordonnateur provincial de la campagne du CDP Léonce Koné a lui aussi condamné avec fermeté ces actes de vandalisme qui de son avis sont contraires à l’esprit citoyen et démocratique prônés par son parti.  « Je peux comprendre la déception de certains militants et sympathisants qui ont vu la liste des municipales de Banfora invalidée, mais cela ne justifie en aucune manière de tels agissements » a-t-il souligné. Tout en espérant que le reste du processus se déroule dans le calme il a indiqué que lui, Alain Edouard Traoré et le maire Souleymane Soulama ainsi que d’autres candidats du parti y compris ceux qui ne sont plus dans la course ont pris des contacts divers au cours de la nuit avec les milieux susceptibles de participer à de tels actes. Lesquels contacts ont porté les résultats escomptés. Le vice-président de la CENI, commissaire en charge de la région des Cascades Joachim Baggagnan se réjouit de ce que le phénomène a pu âtre circonscrit dans le temps. Le matériel de secours a selon lui permis de remplacer celui saccagé et les opérations de vote pouvaient démarrer presqu’à la même heure dans ces bureaux de vote que dans les autres. Du côté du gouvernorat, on apprend avec Toukoumnogo Léonard Guira que des instructions ont été données à la police et à la gendarmerie afin que des investigations soient menées pour mettre le grappin sur les auteurs.
Mamoudou Traoré