mercredi 5 décembre 2012

Elections couplées à Banfora: Des bureaux de vote saccagés

Les opérations de vote dans la Comoé ont été émaillées par plusieurs difficultés dont le saccage de 3 bureaux de vote dans la nuit du 1er décembre 2012 à Banfora. Dans certaines localités, les urnes ont purement et simplement été refoulées.
Contrairement à ce qu’a laissé présager la campagne politique qui s’est déroulée 14 jours durant sans le moindre heurt, le scrutin du 2 décembre 2012 dans la Comoé s’est annoncé dans un climat malsain, marqué par des actes de vandalisme. D’ailleurs, les rumeurs à ce sujet ont fait débarquer à Banfora un grand nombre de gendarmes et de policiers le 1er décembre 2012. L’arrivée fort remarquée de ces hommes de tenue à bord de véhicules Pick-Up frappés des insignes de la CRS dans la soirée de ce 1er décembre, veille des élections, n’a pas pour autant suffit à dissuader certains jeunes de la cité du paysan noir de leur intention de perturber, voire d’empêcher le vote dans la commune de Banfora. Organisés en groupe, ils se sont attaqués à des bureaux de vote quelques temps après le dépôt du matériel électoral. Peu avant 21 heures, ce sont les bureaux de vote du secteur 2, situés dans l’enceinte de la maison des jeunes et de la culture (MJC) qui ont reçu leur visite. Le gardien des lieux que nous avons trouvé après le passage du groupe atteste qu’ils étaient plus 40 à prendre d’assaut la cour de la MJC et un groupe dont le nombre était plus important attendait dehors. « Je voulais m’approcher d’eux pour comprendre ce qui se passait mais ces jeunes m’ont intimé l’ordre de rester où j’étais ; autrement, je suis un homme mort » raconte le malheureux gardien qui précise que c’est alors qu’ils ont éteint toutes les lumières de la MJC avant de défoncer les portes et vider les urnes et autres documents que la CECI/ Banfora a déposé aux environ de 16 heures.
 Dans la furie les vandales ont arraché la porte du bureau de vote n°1 du secteur 3. M Traoré

Le président du BV n°1 ramassant ce qui pouvait l’être. M Traoré

Toujours selon le même gardien, en quittant la MJC les manifestants se sont donnés rendez-vous à l’école Sud située à quelques 500 mètres et où la population du secteur 3 devait voter. C’est dans l’un des 4 bureaux de vote de ce secteur que devait voter Salifou Barro, le responsable provincial du RDB et candidat tête de liste pour les législatives.  Sans être inquiétés, les vandales ont accompli leur basse besogne. Fort heureusement, leur saccage se limitera aux seuls BV n°1 et BV 3 dont ils ont arraché les portes et jeter les documents des locaux. Avant qu’ils ne s’en prennent aux deux autres bureaux de vote, les phares d’un véhicule qui passait dans les environs les a dispersé, raconte un témoin de la scène. Les forces de l’ordre n’arriveront sur les lieux qu’après le départ des jeunes courroucés qui selon toutes vraisemblance se sont dirigés vers les écoles Ouest. Mais ils seront devancés par la police dont les tentatives des policiers d’obtenir des informations sur les  identités des manifestants auprès du voisinage de l’école sud resteront vaines. « Comme il faisait sombre, et que nous ne savions pas combien ils étaient ni s’ils étaient armés, personne n’a daigné s’approcher » ont rétorqué d’une voix des témoins.
Au secteur 15 de la ville, quartier Tatana situé à l’est de la ville, un groupe de mécontents a réussi l’exploit de pénétrer dans les bureaux de vote en forçant les persiennes malgré la présence des agents de sécurité. Là également le matériel électoral a été réduit au néant.
La ville de Banfora n’est pas seule concernés par ces actes de vandalisme. En effet, dans la même nuit du 1er décembre 2012, les urnes de certains villages rattachés à la commune de Banfora à savoir Bodadiougou, Diarabakoko, Niarébara et Tangora ont été stoppées net à l’entrée desdits villages par les habitants au motif qu’il n’y aura de vote dans leur village puisque leur formation politique à savoir le CDP a été recalée aux élections municipales. Du côté des administrations chargées de l’organisation de ces élections la CECI et la sécurité se rejettent la balle quant à la responsabilité dans le saccage. La CECI accusant les agents d’avoir trainé le pas. Ceux-ci pour se défendre disent que les urnes ne devaient bouger sans eux. Pourquoi la CECI n’a-t-elle appelé avant ? se demandent les hommes en tenues. Pendant ce temps, certains acteurs politiques sont on ne peut plus claire. Pour le responsable du RDB Salifou Barro par exemple, ce qui s’est passé la veille des élections n’est que de l’incivisme total et les autorités doivent prendre leur responsabilité en mettant tout en œuvre pour non seulement identifier les auteurs de ces casses mais aussi les punir comme il se doit. « En tant que candidat tête de liste du RDB, je les ai prévenu dans la matinée du 1er décembre 2012 que des réunions se sont tenues dans des buvettes et à la MJC et dont les conclusions disaient qu’il faut faire la casse au secteur 3, au 2 et dans le village de Siniéna afin d’empêcher l’élection » a indiqué Salifou Barro qui lui aussi ne comprend pas pourquoi le matériel électoral est arrivée alors que la sécurité n’était pas en place. Salifou Barro dit ne pas disposer de preuve irréfutable cependant il pense que les auteurs et commanditaires de cet acte sont à rechercher du côté du CDP. « Ce sont ceux qui sont présentement en situation de faiblesse » a –t-il martelé. Le responsable de l’UNDD Soti Koné, candidat au poste de conseiller au secteur 1 pour sa part s’est montré plus catégorique. Sans détour, il jette l’anathème au CDP dont un des candidats aux législatives a tenu, selon lui, lors des derniers meetings des propos du genre à inciter ce genre de troubles.
Le coordonnateur provincial de la campagne du CDP Léonce Koné a lui aussi condamné avec fermeté ces actes de vandalisme qui de son avis sont contraires à l’esprit citoyen et démocratique prônés par son parti.  « Je peux comprendre la déception de certains militants et sympathisants qui ont vu la liste des municipales de Banfora invalidée, mais cela ne justifie en aucune manière de tels agissements » a-t-il souligné. Tout en espérant que le reste du processus se déroule dans le calme il a indiqué que lui, Alain Edouard Traoré et le maire Souleymane Soulama ainsi que d’autres candidats du parti y compris ceux qui ne sont plus dans la course ont pris des contacts divers au cours de la nuit avec les milieux susceptibles de participer à de tels actes. Lesquels contacts ont porté les résultats escomptés. Le vice-président de la CENI, commissaire en charge de la région des Cascades Joachim Baggagnan se réjouit de ce que le phénomène a pu âtre circonscrit dans le temps. Le matériel de secours a selon lui permis de remplacer celui saccagé et les opérations de vote pouvaient démarrer presqu’à la même heure dans ces bureaux de vote que dans les autres. Du côté du gouvernorat, on apprend avec Toukoumnogo Léonard Guira que des instructions ont été données à la police et à la gendarmerie afin que des investigations soient menées pour mettre le grappin sur les auteurs.
Mamoudou Traoré
                  

dimanche 24 juin 2012

Enrôelement biométrique à Tengrela: La population souhaite un second passage

Le samedi 23 juin 2012, Léonce Koné, ex ministre du commerce et actuellement membre du secrétariat exécutif national du CDP accompagné du maire de Banfora Souleymane Soulama qui vient d’adhérer au parti et d’une forte délégation faite de ressortissants du village de Tengrela dont le directeur général de la BRS Karim Koné se sont allés à la rencontre des habitants de Tengrela, localité située à une dizaine de kilomètres de Banfora, avec pour objectif de leur dire merci pour la forte mobilisation derrière le candidat Blaise Compaoré lors des présidentielles de 2010 et se faire une idée de leur enrôlement sur la liste électorale. A ce propos la délégation a été satisfaite de savoir que plus de 80% des électeurs potentiels du village se sont inscrits et que la population souhaite un autre passage des opérateurs pour un ratissage. « L’opération a démarré difficilement chez nous et le kit a connu plusieurs pannes. Ce qui n’a pas permit aux opérateurs de prendre tout le monde » a indiqué le responsable administratif villageois, le conseiller municipal Moussa Tou. « En attendant que nous transmettions cette doléance, je demande à ceux qui ont obtenu leur carte d’en prendre soin puisque que c’est le seul passeport valable pour le 2 décembre 2012 » leur a recommandé Léonce Koné. Il leur a ensuite demandé de maintenir la mobilisation autour du CDP pour lui assurer une victoire éclatante lors des législatives et municipales couplées qui pointent à l’horizon.
Mamoudou Traoré

BEPC Bérégadougou: un couple fraudeur au arrêts

Dans la cité de Brigué, Bérégadougou, un couple, à savoir un jeune garçon et sa copine, a été pris en flagrant délit de fraude lors de la session 2012 du BEPC. Le premier serait un étudiant et fort de ses aptitudes, il amena sa copine tout comme lui à s’inscrire en temps que candidate libre dans le jury de Bérégadougou. Le principe était que sur la feuille de composition, il écrive le nom de la fille et elle, écrive le sien sur sa feuille. Tout s’est déroulé sans faute pour la première épreuve. La jeune fille a pu respecter la consigne. Mais à la seconde épreuve, elle oublie les closes et a inscrit son nom sur sa feuille. Conséquence, les surveillants qui ne libéraient les candidats qu’après avoir procédé à des vérifications s’aperçoivent qu’il y a deux copies qui portent le même nom et le même numéro de PV. En voulant comprendre ce qui se passait, ils ont démaqué le couple fraudeur et leur manège avant de les conduire à la présidence du jury. A ce qu’on dit, les deux tourtereaux se trouveraient entre les mains des services chargés de gérer les questions du genre.
Mamoudou Traoré

mardi 5 juin 2012

Hôtel Jakson: Une jeune fille se noie dans la piscine

En se rendant à Banfora, la cité du paysan noir, ce samedi 2 juin 2012, LGC ignorait qu'elle avait rendez-vous avec la mort; elle qui venait retrouver son amoureux qui y séjournait déjà depuis 3 jours dans le cadre d'une mission. l'aman qui était dans un premier temps logé à Grand Hôtel déménagera ce samedi noir à Hôtel Jakson où contrairement au premier site d'hébergement il y a une piscine. vers 19 heures et demi il abandonna ses amis avec qui il prenait un pot sans leur dire exactement où il se rendait. en fait il allait chercher sa dulciné à la gare. A peine sa valise déposé, LGC s'est mise en tenue de baignade et plongea dans la piscine d'où elle ne sortira plus, que raide morte. C'est donc dire que son séjour à Banfora n'aura duré que quelques minutes. Elle a été inhummée le lendemain dimanche 3 juin 2012 au cimétière municipal de Banfora en présence de ses parents qui ont effectué le deplacement.
Mamoudou Traoré  

lundi 14 mai 2012

Affaire du verger d’anacardier de Yendéré

L’affaire dite « affaire du verger d’anacardiers de Yendéré », localité située à une dizaine de kilomètres de Niangoloko connait depuis quelques mois de nouveaux rebondissements et se déporte devant le Tribunal de grande instance de Banfora. En effet, suite à une plainte formulée par le repreneur du domaine, une vingtaine de jeunes dudit village, soupçonnés d’avoir incendié le verger en janvier 2011 ont été invité à comparaitre au Tribunal de grande instance de Banfora. C’était le mercredi 9 mai dernier mais en raison de l’absence du syndic liquidateur, l’audience a été reportée au mercredi 16 mai 2012. Pour ces jeunes, cette action en justice n’est ni plus ni moins qu’une tentative d’intimidation qui ne portera aucun fruit car Yendéré reste déterminé à ne céder le verger sous aucune pression.

On en sait un peu plus sur l’affaire du verger d’anacardiers de Yendéré, village situé à une dizaine de kilomètres de la commune urbaine de Niangoloko à laquelle il est rattaché. Un verger qui aurait été vendu au cours de l’année 2009 selon les habitants à leur grand damne. Depuis lors plusieurs actions de contestation ont été par eux menées. Selon une ordonnance aux fins d’autorisation de vente, produite par le tribunal de grande instance de Ouagadougou, il ressort que la vente du verger litigieux a été autorisée par ordonnance n°1097 en date du 16 février 2009 au même titre que plusieurs autres parcelles appartenant à la société Flex-Faso. Le même document indique que l’acquéreur du verger répond au nom de Haoua Ouédraogo et qu’elle a participé à un appel d’offre suite à une annonce légale relative à la liquidation des biens de la société Flex-Faso. Architecte de profession et basée à Ouagadougou, elle aurait, toujours selon les termes de l’ordonnance, acheté le site à 92 millions dont 60 millions devaient être versés à la conclusion du contrat et le reste à savoir les 32 autres millions à la remise des documents.
Nos parents n’ont jamais vendu le domaine
Les habitants de Yendéré, surtout les jeunes, n’entendent pas la chose de cette oreille. Pour eux, il n’a jamais été question pour les vieux de vendre les 508 hectares de terres sur lesquelles le projet anacarde a été mis en œuvre. « Nos parents n’ont pas conclut un accord de vente avec le blanc qui a été le premier à occuper le domaine. En son temps il a été clairement dit que lorsque le projet arriverait à son terme, le domaine qui reste une propriété du village lui reviendrait pour toute fin utile » a indiqué le responsable des jeunes de Yendéré, Tahéré Soma que nous avons rencontré le mercredi 9 mai 2012. Selon lui Yendéré se retrouve dans une situation de manque de terre qui s’est annoncé depuis de longue date. Le village est limité d’une part par la frontière naturelle avec la Côté d’Ivoire et d’autres par une aire classée. « Les seules terres qui nous restent et qui sont capables d’accueillir de nouvelles infrastructures que le développement du village pourrait engendrer restent le verger d’anacardier en question. Nos parents ne pouvaient donc pas le vendre et aujourd’hui nous, jeunes de Yendéré, avons besoin de ce site » a précisé le représentant des jeunes avec un air désemparé. A Yendéré, la population se demande toujours comment les choses ont évolué pour que le verger devienne entre temps la propriété de Flex-Faso au point  qu’aujourd’hui ladite société décide de le vendre afin d’apurer son passif. C’est en ce moment que le nom de Joachin Soulama est évoqué comme étant au courant de beaucoup de choses. Ex-employé dans le verger et actuellement opérateur économique établis à Niangoloko, il aurait été chargé de gérer les affaires courantes après le départ de la plupart des repreneurs du projet.
4 millions 500 milles pour réparer les dégâts causés par l’incendie du 30 janvier 2011.
Pour sur, les jeunes de Yendéré refusent de voir leur « dernier espoir » en matière de terre leur échappé. Toute chose qui les a amenés à entreprendre des actions de diverses formes. Cependant ils récusent l’accusation selon laquelle ce sont eux qui auraient mis le feu au verger en guise de protestation le dimanche 30 janvier 2011 comme mentionné dans un procès verbal de constatation d’un incendie. Un acte qui selon les termes du même procès verbal a détruit 650 pieds d’anacardiers de 29 ans chacun sur une superficie de 6 hectares. Et la valeur pécuniaire du préjudice s’élèverait à 4 millions cinq cent mille francs CFA à raison de 7000 F CFA le pied d’anacardier. En plus de cet incendie, les actuels employés du verger se plaignent de menaces de et de mises en garde de la part des jeunes du village tendant à les empêcher de travailler. C’est pourquoi l’avocat conseil de Haoua Ouédraogo a introduit auprès du tribunal de grande instance de Banfora une assignation en référé pour que soit ordonner la cessation de la voie de fait et l’expulsion des  du domaine du verger. Une autre assignation en responsabilité civile et en réparation de préjudice subit a été introduite pour demander aux 20 personnes mises en cause de payer la somme de 44 millions 550 milles francs CFA. En outre le conseil de Haoua Ouédraogo invite le liquidateur de Flex-Faso à garantir à sa cliente la jouissance paisible des lieux.

On veut nous intimider
Tahéré Soma et ses autres co-accusés se portent en faux par rapport aux termes du procès verbal de constatation et d’évaluation de l’incendie qui les accuse. « Nous n’avons pas mit le feu au verger ce dimanche 30 janvier 2011 nous a-t-il confié. D’ailleurs personne d’entre nous n’est allé vers le verger ce jour. Comment pouvons-nous détruire un domaine qui revêt une grande importance à nos yeux et que nous revendiquons du reste ». Ce jour là, reprend le responsable des jeunes de Yendéré, je revenais du marché de Niangoloko et tout comme la plupart de mes camarades, nous avons aperçu la fumée qui montait dans le ciel. Nous nous sommes gardés de nous approcher de peur qu’on ne nous accuse d’en être les auteurs. Pour ma part, je pense que cette action en justice vise à nous intimider poursuit Tahéré Soma qui précise que les jeunes de Yendéré ne vont jamais céder, déterminés à reprendre leur terre qu’ils sont.
En attendant que cette affaire soit définitivement tranchée, les habitants de Yendéré se posent de multiples questions. Comment et par qui le domaine a pu être vendu sans que le village ne soit impliqué ? Pour les moins radicaux, une telle transaction devrait au moins prévoir la part du village dans les fruits de la vente. D’autres pour leur part pense que les habitants de Yendéré ne disposent pas suffisamment d’informations sur le statut du verger. Toujours est-il que l’affaire a été reportée au mercredi 16 mai 2012 parce qu’une des parties, le liquidateur de l’avis des jeunes de Yendéré, ne s’étant pas présentée au palais le 9 mai dernier.
Mamoudou Traoré
Légende

Photo1 : Le responsable des jeunes de Yendéré Tahéré Soma « Nous ne céderons sous aucune pression ». M Traoré
Photo2 : Le verger d’anacardier couvre une superficie de plus de 500 hectares. M Traoré

dimanche 29 avril 2012

Banfora

Quatre personnes dont une fillette d’environ 10 ans et 3 homes ont trouvé la mort dans un accident de ka circulation le samedi 28 avril 2012 à Banfora. C’est précisément à Kosara au secteur 14 de la vile, non  de la résidence du gouverneur que s’est produit ce drame. Un car burkinabé de marque Isuzu immatriculé 11 J 1928 BF était en cause. Il est tombé dans le bas côté de la chaussée après avoir tenté vainement de gravir la côte, l’une des plus raide de la vile de Banfora en allant vers Niangoloko. Les autorités locales auxquelles se sont jointes les populations sont allées porter main forte aux victimes.
Les habitants de la cité du paysan noir, plus précisément ceux des secteurs 3 et 14 ont découvert très tôt ce samedi 28 avril 2012 le spectacle dramatique d’un accident de la circulation. Un car de transport en commun a fini sa course dans le bas côté de la chaussée au niveau de la côte de Kossara. C’est vers 5 heures du matin que notre téléphone sonne et nous réveille. Allo. Oui, c’est Traoré ? Oui, c’est lui-même. Es-tu à Banfora ? Oui. Alors, viens vite à Kosara, un grave accident de la circulation vient de se produire. Il s’agit d’un car qui était en partance pour la Côte d’Ivoire. Il s’est renversé ; il y a sûrement des morts. C’est en ces termes que notre confrère Jean Baptiste Yekpayé de la radio Cascades nous a porté la nouvelle. tombé au bas côté de la route à quelques 200 mètres de la résidence du gouverneur de la région des Cascades En arrivant sur les lieux, la place était déjà noire de personnes.  Plusieurs centaines de personnes étaient là, les unes consternées, les autres aidant les sapeurs pompiers à dégager les bagages.  De part et d’autres du car on pouvait voir d’importantes quantités de sacs d’oignons et de tomates, des moutons et des motos. Plus loin se trouvaient des fûts, 6 au total, contenant du carbure nous a-t-on dit. Les passagers qui ont survécus et qui sont sortis indemne s’étaient rassemblés en un seul endroit. Les victimes décédées étaient étalées et recouvertes de pagnes. Pendant le constat du légiste, on se rend que les 4 corps présentaient des fractures et surtout des ouvertures longitudinales de la boîte crânienne. Selon l’officier chargé des opérations l’adjudant chef Salif Ouédraogo, c’est vers 3 heures du matin que lui et ses hommes sont arrivés sur les lieux pour porter secours à la quatre vingtaine de passagers qui se trouvaient dans le car de marque Isuzu immatriculé 11J 1928 BF. L’officier explique  qu’il a tenté vainement de gravir la côte de Kossara. Il a donc battu en recule avant de faire un tonneau. Selon le chef des soldats du feu, le car était totalement renversé, les 4 fers en l’air. Le premier bilan faisait état de 4 mort sur le coup et de 56 blessés  dont 3 dans un état critique.
Seydou Sawadogo, un des 33 passagers sortis miraculeusement indemne de ce tonneau explique qu’ils ont quitté Bobo vers 1 heures du matin en direction de Ifassi en Côte d’Ivoire. « Lorsque que nous sommes arrivés à quelques mètres du sommet de la côte, le véhicule a manqué de puissance pour continuer. Nous avons tous constaté qu’il reculait. C’est alors que chauffeur demande à son apprenti de placer la cale. Mais rien n’y fit ; le car a continué à descente et plus vite même. Vu son allure et la hauteur de la colline, on  ne s’imaginait pas qu’il y aurait des survivants. On pouvait entendre les femmes et les enfants crier à perdre haleine.
Dans la foule se trouvaient les autorités locales parmi Toukoumnog Léonard Guira le gouverneur, Casimir Séguéda le Haut commissaire et Amadou Tiékoura Tou le premier adjoint au maire de Banfora. Sur leur requête, une grue a quitté la SN SOSUCO pour remettre le car sur pied afin de s’assurer qu’aucune victime n’a été oublier sous les décombres. Pour le gouverneur, seuls le mauvais état du car et la surcharge sont les causes de ct accident. « Je ne suis pas un technicien des transports mais quand je regarde ce car qui s’est renversé, je me dis qu’il est en très mauvais état. De plus, il était surchargé avec à son bord des personnes, des sacs d’oignons, de tomates, des animaux et j’en oubli. Ces deux facteurs conjugués sont de mon avis la cause de cet accident qui a tué 4 personnes. C’est pourquoi je voudrais interpeller les transporteurs pour qu’ils utilisent des car en bon état et non des épaves qui mettent la vie des passagers en danger. Aux usagers aussi, il leur revient  de bien choisir les cars avant d’embarquer » a-t-il lancé.  Mais à entendre le passager Seydou Sawadogo qui reconnait que leurs conditions de transport n’étaient pas bonnes, ce n’est pas de gaité de cœur qu’ils embarquent dans de tels véhicules. « Si nous embarquons ce genre de car, c’est simplement parce que nous manquons de moyens. D’ailleurs, au jour d’aujourd’hui, aucun passager ne disposait plus de sous pour s’acheter de quoi manger. Tenez, nous avons quitté notre village depuis le lundi 23 avril 2012. Vers Houndé, nous sommes tombés sur un accident de la circulation et notre chauffeur s’est mal comporté vis-à-vis du dispositif sécuritaire. Pour cela nous avons dû passer 2 jours à la gendarmerie. C’est finalement le jeudi 26 avril que nous sommes arrivés à Bobo. Dans notre progression, nous ignorons qu’un tel drame nous attendait » raconte –t-il tout attristé.
Les victimes ont été enterrées dans la soirée au cimetière municipal de Banfora et au moment où nous bouclions ces lignes, 2 autres décès ont été annoncés parmi les blessés qui ont été évacués à l’hôpital.
Mamoudou Traoré
Légende
Photo1 : Le car s’est retrouvé les 4 fers en l’air.
Photo2 : Une partie des sacs d’oignons sortis du car. M Traoré
Photo3 : Quelques rescapés du tonneau assis sur leur bagage. M Traoré
Photo4 : Les autorités locales ont assisté de bout en bout aux opérations de secours. (De la droite vers la gauche le gouverneur, le Haut commissaire et le 1er adjoint a maire en bonnet). M Traoré
Photo5 : Pour Seydou Sawadogo, ce n’est de gaité de cœur qu’ils empruntent ce genre de car. M Traoré

lundi 19 mars 2012

Forêt classée de Dida






Déguerpissement d’accord, mais trame d’accueil d’abord !
 (Dixit les occupants)
Plus de 300 occupants de la forêt classée de Dida, situé dans  la Comoé à une centaine de kilomètres à l’Est de Banfora ont fait une descente sur Banfora le mercredi 14 mars 2012 où ils se sont rendus au gouvernorat des Cascades, le drapeau burkinabé en main, pour demander des mesures d’accompagnement à leur déguerpissement de la forêt classée souhaité par l’Etat. Mais en attendant leur départ de la forêt, ils exigent que soit mis fin à ce qu’ils qualifient d’exactions des agents du service départemental de l’environnement et du cadre de vie de Mangodara. Au sortir de la rencontre que le gouverneur a tenu sine die avec eux, ils se sont satisfaits mais attendent que le  gouvernement leur trouve un site d’accueil.
C’est une foule semblable à celle des grands rassemblements de protestation qui est arrivée très tôt le mercredi 14 mars 2012 devant les locaux du gouvernorat des Cascades. Plus de 300 personnes à vue d’œil, certains sur des motos du genre Sanili et d’autres à mobylette ou à pied à partir de l’auto-gare de Banfora où ils ont été déposé par un camion. Tous étaient poussiéreux tout comme leurs montures d’ailleurs. Après renseignement, nous apprenons qu’il s’agit de producteurs établis dans la forêt classée de Dida, située à cheval entre la commune de Mangodara et celle de Ouo, à une centaine de  kilomètres à l’Est de Banfora. Cette forêt selon les producteurs abrite plus de 200 000 personnes établis dans une vingtaine de villages. A ceux-ci ainsi qu’aux autres occupants de la forêt, une mission instruite par le gouverneur de la région des Cascades, à la demande du gouvernement et conduite par le DR de l’environnement, a, au cours du mois de février 2012, intimé l’ordre de déguerpir dans un délai d’1 mois. Ce délai arrive à expiration en principe le 22 mars 2012 et les producteurs criant à coup de force et se sentant incapables de respecter ce délai ont décidé de se faire entendre. D’où cette descente à Banfora. 
Mon village existe depuis avant la razzia de Samory Touré
Pendant que l’un d’eux s’évertuait à nous expliquer l’objet de leur venue, un autre, Yacouba Ouattara qui allait se révéler plus tard le principal porte-parole de la délégation lors de l’entretien avec le gouverneur s’avance et résume le tout quelques mots. « Nous sommes ici à Banfora parce que tout Burkinabé que nous sommes, l’Etat nous a renié. Il nous demande de quitter les terres que nous exploitons parce que c’est une forêt classée sans pour autant nous montrer une zone où nous pourrons nous installer ».
Après lui, nous avons approché les maires des communes rurales de Ouo et de Mangodara qui partagent la forêt classées. Le second, Doulaye Ouattara nous fait le point des revendications de la population en quatre points. Il s’agit en effet du délai qu’elle juge trop court pour le déguerpissement, de l’inexistence d’un centre d’accueil, de exactions du service département de l’environnement et du développement durable de Mangodara dont le premier responsable du nom ce Pierre Mesmer Bayala, est accusé de faire trop de tirs d’intimidation, d’avoir menotter une femme en grossesse provoquant ainsi son avortement, de favoritisme à l’endroit des éleveurs à qui il délivre des autorisations pour faire paître leurs animaux même dans les champs, de brûlage de céréale et de recouvrement d’amendes sans quittance. Les habitants de Sassamba et de Goté, 2 villages dans la forêt, quant à eux récusent leur appartenance à la zone de forêt classée au motif que leur village existait avant même la razzias de Samory Touré dans la zone autour des années 1900 et que la bataille de Tièfing, roi du Kénédougou les a trouvé là. Bakary Ouattara un vieux d’environ 70 ans, qui s’est ainsi exprimé demande par conséquent un nouveau traçage de la voie périmétrale de la forêt. Toute chose qui  lui permettra de s’assurer si oui ou non il est établi dans la forêt classée.
L’Etat est-il jaloux de notre épanouissement ?
C’est sur ces faits que le gouverneur décide de les rencontrer vers 10 heures et demi. C’est après plus de 4 heures d’explications que les plaignants dont la position s’était radicalisée ont commencé à comprendre. Des détails qu’ils ont fournis, on retient de leur avis que la forêt classée de Dida est devenue une mine d’or pour les agents du SDEDD de Mangodara qui verbalisent sans retenue et souvent sans quittances à des sommes allant de 50 mille à 300 mille francs CFA. Selon le principal porte-parole des plaignants Yacouba Ouattara, le responsable du SDEDD de Mangodara se comporte en véritable cow boys, en agent de l’Etat qui fait tout à la fois. « Le chef du SDEDD en plus d’être forestier se permet de prendre de l’argent avec tout acquéreur de nouvelle moto ou vélo comme s’il était un douanier. Il perquisitionne chez des gens même en leur absence. Il fait dans la violence et n’hésite pas tirer des coups de feu comme si nous étions en temps de guerre » raconte-t-il. Même les véhicules qui viennent chercher nos productions sont verbalisés déplorent les producteurs qui vont même jusqu’à se dire que le gouvernement burkinabé est jaloux de leur épanouissement à Dida. « Comme nous arrivons à nous réaliser par nos travaux, nous achetons de grosses motos et nous marions 2 à 3 femmes, c’est pourquoi l’Etat pris de jalousie nous demande de quitter » disent-ils sous des acclamations. Dans tous les cas, nous ne quitterons pas la zone tant qu’on ne nous aura pas montré un site d’accueil. Ce que les plaignants disent ne pas comprendre, c’est que les producteurs désireux de quitter la forêt doivent au préalable obtenir du SDEDD de Mangodara une autorisation. « Tous les camions qui accède à Dida soit pour transporter nos bagages ou nos productions sont saisis et doivent payer une amende » disent-ils.  
Je ne peux pas vous dire de rester pendant que le gouvernement m’instruit de vous faire partir
Le gouverneur Léonard T Guira avant tout propos a fait savoir que la décision des producteurs de lui soumettre leur préoccupation est noble mais que cette noblesse est entachée par leur nombre abyssal. « Seulement, sachez que votre déguerpissement est obligatoire. C’est le gouvernement qui le demande et moi je ne peux vous dire que allez rester » leur a-t-il dit d’emblée avant d’ajouter que la mission conduite par le DR de l’environnement a été instruite par l’équipe du gouvernement venu s’enquérir des préoccupations de la région en février dernier. Pour le gouverneur, cette mission devait sensibiliser les occupants et les amener à quitter la forêt. Et le délai d’un mois qu’elle a fixé, qui me parait court, devrait l’être de concert avec vous. « Personnellement, je me suis montré septique quant à votre capacité de respecter ce délais car, même pour quelqu’un qui s’installé il y a seulement 5 ans, il est difficile de demander de partir dans un délai d’un mois » a lancé au gouverneur. A la délégation venue de Dida, Léonard Guira a indiqué qu’il est également contre l’idée d’autorisation à cherhcer auprès du SDEDD qui précède leur départ. Tout en les prévenant qu’il n’y a pour le moment aucune mesure pour accompagner leur déguerpissement, il a signifié que les camions doivent pouvoir pénétrer dans la forêt pour effectuer les déménagements sans être saisis par les agents forestiers. « Ceux qui peuvent dès à présent peuvent partir » a-t-il avant de leur demander une fois de retour à Dida, de se concerter pour trouver un délai réaliste qui doit lui être transmis au plus tard le 30 mars 2012. Pour ce qui est des agissements des agents forestiers, le gouverneur qui dit avoir des frissons face aux différentes révélations promet des enquêtes en vue d’approfondir la question. « Si quelqu’un est coupable, on va le gérer comme on doit le gérer. Chacun répondra des actes qu’il a commis » a-t-il conclut.
Mamoudou Traoré
 
un goût d’inachevé
Au sortir de la rencontre, nous avons voulu savoir si les plaignants étaient satisfaits. Loin de là disent-ils. La rencontre semble avoir un goût d’inachevé tant Yacouba Ouattara et Missir Sawadogo tout comme les autres aurait voulu que le gouverneur leur dise qu’il est prévu un site d’accueil et des mesures d’accompagnement.
Yacouba Ouattara : Nous ne sommes pas d’accord avec ce qui vient d’être dit mais nous sommes contraints de partir. Si le gouvernement atteste que la forêt de Dida est classée, nous n’y pouvons rien. Notre souci à partir de cet instant est lié au site qui va nous accueillir. Si vous regardez tous ceux qui sortent de la salle ont mine serrée. Après plus de 50 ans de vie pour certains, 60 ou 100 pour d’autres où voulez-vous qu’ils partent ?


Missiri Sawadogo : Comme c’est le  premier responsable de la région qui a parlé directement aux concernés, je pense que les choses sont suffisamment claires. Maintenant le problème qui se pose, c’est où vont-ils allées. Ils sont dans une forêt classée qui appartient à l’Etat. Vu la taille de la population qui vit là-bas, je pense que l’Etat peut trouver une solution en leur donnant un site. C’est un problème social et je pense que le gouvernement pourra trouver une solution à problème social. Vous avez suivi la crise ivoirienne avec le retour massif de nos parents qui y sont. Ce sont ces mêmes parents qui sont installés dans la forêt de Dida. Mais déjà les populations repartent satisfaits parce qu’ils savent qu’ils ne seront plus spoliés, maltraités par les agents forestiers de Mangodara. C’est pour eux déjà une victoire.
Propos recueillis par Mamoudou Traoré